Un manifeste et un plan d’action fondés sur un leadership unique, la sécurité et un nouveau pacte social.
Port-au-Prince, 31 août 2025– Alors qu’Haïti sombre chaque jour un peu plus dans le chaos et l’insécurité généralisée, le Mouvement patriotique du renouveau (MPARE) a rendu publique ce weekend une proposition de sortie de crise articulée autour d’un manifeste exigeant et d’un plan de gouvernance transitionnelle précis. Constatant l’échec patent du Conseil présidentiel de transition (CPT), le mouvement – qui rassemble des organisations de la société civile – plaide pour un changement de cap radical et la mise en place d’un exécutif resserré, capable de rétablir l’ordre et de conduire le pays vers des élections crédibles.
Un constat sans appel : l’échec du collégial et l’urgence d’agir
Le document du MPARE dresse un bilan sans concession de la situation. La capitale, Port-au-Prince, est estimée à 85% sous le contrôle de groupes armés qui étendent leur emprise sur les régions. Le système éducatif est exsangue, l’économie en chute libre depuis six ans et l’inflation dépasse les 30 %. Surtout, le CPT, installé dans la douleur en avril 2024 pour organiser des élections en novembre 2025, est décrit comme « fragile, divisé et inefficace » , incapable d’endiguer la violence ou de restaurer la confiance des citoyens.
Pour le MPARE, la racine du problème est institutionnelle : le modèle collégial, sans chef clairement identifié, est inadapté aux profondes crises qu’affronte le pays. Le mouvement s’appuie sur l’histoire récente : les rares transitions ayant fonctionné, comme en 1990 ou 2004, l’ont été grâce à des figures présidentielles intérimaires uniques, neutres et acceptées par une large partie de la nation.
La proposition phare : un exécutif unique pour une transition courte
La pierre angulaire de la proposition est le remplacement du CPT par un exécutif transitionnel concentré , composé d’un président intérimaire, d’un premier ministre et d’un gouvernement réduit. Cette équipe, représentative des « forces vives de la nation », aurait pour mandat impératif de :
· Rétablir la sécurité : Reprendre le contrôle du territoire, neutraliser les groupes armés et rouvrir immédiatement les axes routiers vitaux pour désenclaver le pays.
· Préparer des élections crédibles dans un délai maximal de 18 mois , afin d’éviter toute dérive autoritaire.
· Restaurer la gouvernance locale en organisant en priorité des élections municipales et territoriales.
Pour garantir l’intégrité du processus, le MPARE propose la création d’un Conseil national de contrôle des actions gouvernementales (CNCAG) , chargé de superviser l’action publique et d’en assurer la transparence.
« Plus jamais » : Le serment citoyen pour une refondation nationale
Au-delà des mécanismes institutionnels, le MPARE inscrit sa démarche dans une dimension éthique forte, un serment citoyen décliné en français et en créole sous le titre « Le Manifeste du Renouveau » et la formule choc « PLUS JAMAIS » / « SERA SETA ».
Il s’agit d’un engagement solennel à ne plus jamais tolérer que :
· Les enfants soient livrés à la violence des gangs. (SERA SETA : Nou pa dwe kite timoun yo anba grif malfektè)
· Les jeunes soient contraints à l’exil par manque d’avenir. (SERA SETA : Nou pa dwe lage jèn yo san lespwa, epi pouse yo kite peyi a.)
· Les femmes soient marginalisées ou maltraitées. (SERA SETA : Fanm yo pa dwe rete déyè ni sou kote ; nou pa dwe maltrete yo.)
· La corruption et l’injustice restent impunies. (SERA SETA : Fwòd, kontrebann ak koripsyon pa dwe rete san pini an Ayiti.)
· La justice soit un privilège réservé aux plus riches. (SERA SETA : Lajistis pa dwe distribiye bay moun ki gen plis kòb.)
· La violence et la division déchirent le tissu social. (SERA SETA : Nou pa dwe ankouraje vyolans ak divizyon.)
« Nous ne voulons plus subir les événements. Nous voulons être les acteurs de la République de demain », affirme le manifeste, appelant à une prise de conscience collective et à un sursaut national.
Cette proposition, présentée comme un « pacte d’unité » , appelle maintenant à l’adhésion la plus large au sein de la société civile et de la classe politique. Elle vise à ouvrir un dialogue franc avec les partenaires internationaux, notamment la CARICOM et l’OEA, pour construire un consensus autour de cette nouvelle feuille de route.
Dans un pays asphyxié par l’insécurité et la défiance, le MPARE lance une pierre dans la mare stagnante de la transition. Reste à savoir si cette proposition, l’une des plus structurées à émerger récemment, parviendra à s’imposer comme la base d’un dernier recours pour éviter le naufrage définitive de l’État haïtien.
Bitoss FRANÇOIS
Média Legliz La