Ayiti n ap bati a” : Quand la foi chrétienne se fait projet de société.-

Port-au-Prince, Haïti , le 23 octobre 2025.– Dans un pays en quête d’espérance et de repères, un vaste mouvement spirituel et citoyen tente de rallumer la flamme du changement. Porté par plusieurs grandes institutions haïtiennes, le projet « Ayiti n ap bati a » propose une vision ambitieuse : bâtir, d’ici à 2050, une nation plus juste, unie et prospère, fondée sur des valeurs morales et spirituelles fortes.

Conçu dès 2022 comme une contribution non partisane au débat national, cette vision émane de la Fédération Protestante d’Haïti (FPH), de la Conférence Nationale Spirituelle des Églises d’Haïti (CONASPEH), du Conseil des Églises Évangéliques d’Haïti (CEEH) et de la Fédération des Pasteurs du Grand Nord (FEPAGNO). Ensemble, ces institutions chrétiennes veulent dépasser la prière et la prédication pour s’engager activement dans la reconstruction morale et institutionnelle du pays.

Leur manifeste, un texte long de plusieurs dizaines de pages, dresse un portrait sans complaisance d’Haïti : pauvreté chronique, effondrement moral, divisions sociales, corruption et perte de repères collectifs. Mais loin de se limiter à un constat d’échec, « Ayiti n ap bati a » se veut un appel à la repentance, à la responsabilité et à l’action.

Les rédacteurs y rappellent que le redressement du pays passe avant tout par une réconciliation avec les valeurs fondatrices de 1804 : la liberté, l’égalité, la fraternité et le travail. Ils prônent une renaissance nationale, guidée par l’éthique, la justice, la solidarité et la transparence.

Avec une vision d'Haïti pour 2050, l'initiative se distingue par une perspective à long terme : imaginer l’Haïti de 2050. Dans cette vision, la justice règne, les dirigeants sont intègres, l’économie repose sur la production nationale, et les citoyens jouissent d’un véritable bien-être. La famille, la foi et le travail y sont considérés comme les piliers d’une société stable et responsable.

Pour y parvenir, le mouvement propose des réformes dans treize secteurs clés — de la santé à l’éducation, en passant par la gouvernance, la justice, l’agriculture et l’environnement — tout en appelant à un engagement collectif, de l’État comme des citoyens.

Loin de toute récupération politique, Ayiti n ap bati a réaffirme la vocation de l’Église à jouer un rôle prophétique et social : éveiller les consciences, dénoncer les injustices et inspirer l’action. « L’Église veut désormais prêcher par l’exemple », affirme le texte, appelant à un christianisme actif et citoyen, capable d’unir foi et responsabilité civique.

Pour ses initiateurs, la transformation d’Haïti ne saurait venir de l’extérieur : elle doit d’abord naître dans les cœurs et se traduire par des gestes concrets au service du bien commun.

Trois ans après la publication du document fondateur, le mouvement poursuit son chemin. En 2025, il en est déjà à son huitième forum, une série de rencontres intersectorielles où responsables religieux, agents publics, universitaires et jeunes débattent des priorités de la reconstruction nationale. Ces forums visent à traduire la vision en plans d’action concrets, en renforçant les liens entre l’Église et les acteurs de la société civile.

Au-delà du message religieux, « Ayiti n ap bati a » s’impose comme une plateforme citoyenne cherchant à réconcilier spiritualité et engagement civique. Le mouvement s’inscrit dans une démarche de longue haleine, portée par une conviction simple mais puissante : Haïti peut encore renaître, si chaque citoyen accepte de mettre la main à la pâte. Dans un pays souvent désabusé par les promesses politiques, cette initiative vient rappeler que la foi, lorsqu’elle s’allie à la responsabilité et à la solidarité, peut encore devenir une force de transformation.

Bitoss FRANÇOIS

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Un manifeste et un plan d’action fondés sur un leadership unique, la sécurité et un nouveau pacte social.